212 / L'ANGE GARDIEN
19h55 GMT GEORGETOWN – WASHINGTON
Un enfant d'une douzaine d'années, vêtu d'un polo, un jeans, une casquette rouge portée à l'envers, roule en bicyclette sur un trottoir, slalomant au milieu des piétons;
A l'angle d'un bâtiment, un vieil homme, mendiant, au regard triste, est assis par terre; derrière lui, un marchand de journaux est occupé à transporter ses livraisons.
L'enfant gare son vélo contre un mur, entre en courant dans l'échoppe et commence à jouer au flipper. Le mendiant l'observe jusqu'à ce qu'il se fasse chasser par le marchand de journaux, lassé de le voir traîner là à ne rien faire. L'homme se lève, il est en haillons et semble s'en aller, résigné.
Tout en débutant une nouvelle partie après avoir gagné la précédente, l'enfant jette un œil sur trois individus qui pénètrent dans la boutique: ils sont vêtus de jeans ou treillis et de blousons de cuir cloutés, ont le crane rasé et inspirent immédiatement la crainte au commerçant asiatique derrière son comptoir; l'un d'entre eux tient dans la main une bombe aérosole dont il asperge immédiatement le contenu sur la caméra de vidéo-surveillance.
Dans le même temps, un de ses congénères sort une arme, en braque le boutiquier qu'il somme de lui remettre la caisse; manifestement, l'homme tente de déclencher une alarme et deux coups de feu sont tirés.
L'enfant se réfugie derrière le flipper.
Le mendiant surgit alors, il s'empare de la tête du tireur, par derrière, et lui fracture les vertèbres cervicales d'une simple rotation avant de s'emparer de son arme. Le second individu tente de s'interposer et est jeté à terre. L'homme à la bombe tente de s'enfuir mais est abattu d'un seul coup de feu, dans le dos.
Il tombe devant le flipper, au pied de l'enfant qui relève les yeux et croise le regard intense du mendiant. L'enfant prend la fuite à son tour, laissant derrière lui le vieil homme, tenant encore l'arme, l'air hagard.
20H40 GMT GEORGETOWN – WASHINGTON DC
Une voiture du JAG est garée devant une église d'où émane la voix d'un homme s'adressant à Dieu.
A l'intérieur, en uniforme, Bud est agenouillé sur un prie-dieu, à droite de l'autel et sollicite une intervention divine au cours de l'examen final qu'il doit passer le soir; il confesse n'avoir rien révisé mais pour de bonnes raisons; il admet avoir beaucoup laissé traîner les choses mais s'en remet au Seigneur pour faire qu'il n'échoue pas. Sa prière est interrompue par le vrombissement d'un hélicoptère.
Apparaît alors le mendiant qui déboule d'un chemin de terre, sort de derrière un buisson, se sachant traqué depuis les airs. Il traverse en courant le parvis de l'église, y pénètre et claque la porte. Il se retourne, voit Bud en même temps qu'il sort un revolver de sa ceinture mais sans en menacer l'officier; essoufflé mais calme, il se borne à expliquer qu'il ne pouvait pas faire autrement que de tuer les trois hommes. Puis il se précipite sur Bud, le jette à terre et le couvre de son corps afin que les deux hommes ne servent pas de cible aux tireurs embarqués à bord de l'hélicoptère.
Au QG du JAG, Mac aperçoit Harm en train de simuler la partie d'une plaidoirie sur la théorie du doute raisonnable; elle lui coupe la parole pour lui donner la réplique de l'adversaire mais leur diatribe est interrompue par le téléphone. C'est Bud qui informe ses supérieurs qu'il est retenu à l'intérieur de l'Église des Anges par un homme armé; pour lui, tout est calme et il n'y a pas de risque à l'intérieur mais il n'en dirait pas autant de l'extérieur.
En effet, une troupe de tireurs d'élite est entrain de se mettre en place et de cerner l'église.
Harm et Mac arrivent en voiture et franchissent le périmètre de sécurité à la recherche du responsable des opérations. Harm a du mal à s'imposer jusqu'à ce qu'il révèle être en contact avec une des personnes retenue à l'intérieur.
Bud tente, calmement, de raisonner le vieil homme; ni l'un ni l'autre ne font un geste pour aller décrocher le téléphone qui sonne dans la sacristie.
Harm et Mac tentent de cerner la personnalité du preneur d'otage: d'après les termes utilisés par Bud, ce serait un militaire ou un ancien militaire. Le chef de la police penche d'avantage pour la thèse du déséquilibré: il leur apprend qu'il s'agit d'un SDF qui vient d'abattre trois hommes dans une épicerie avant de s'enfuir pour se réfugier dans cette église avec un otage. Harm et Mac tempèrent immédiatement sur la notion d'otage; Harm retient Mac de donner au policier le numéro de téléphone portable de Bud et se propose de tenter de négocier lui même eu égard au respect que l'homme semble avoir pour l'uniforme.
Dans l'église, le téléphone portable de Bud sonne. C'est Harm qui l'appelle, équipé d'un gilet pare-balles, depuis le parvis. Bud hésite à répondre, regarde le mendiant qui semble totalement indifférent, il ne lui répond pas quand Bud sollicite l'autorisation de s'approcher de la lucarne près de la porte, il le laisse ouvrir la fenêtre. Quand Bud lui tend l'appareil pour parler à Harm, il ne fait aucun geste pour s'en emparer.
Du poste de commandement, Mac avec les autorités, entend la conversation.
L'inaction du vieil homme pousse les tireurs d'élite à agir, ils veulent ramener Harm mais celui-ci n'obéit pas. Il hèle l'homme directement au travers de la lucarne ouverte et se présente. L'autre n'en fait rien mais lui précise néanmoins qu'il appartenait au corps d'élite de la marine. Harm parle du corporatisme militaire tout en s'avançant vers la porte que Bud lui ouvre. Harm prend de court un tireur d'élite qui s'apprêtait à intervenir, en entrant précipitamment dans l'église et en claquant la porte derrière lui, sous le regard courroucé du chef, au poste de commandement.
Face à Harm, l'homme explique à nouveau très calmement qu'il ne voulait pas tuer les trois hommes mais qu'il ne pouvait pas faire autrement. L'officier lui apprend ce qu'il sait de l'affaire et obtient la confirmation qu'il s'agissait bien d'un braquage. L'homme poursuit son monologue justificatif et précise qu'il n'a pas réfléchi, que s'il réfléchissait, il était mort.
Le téléphone portable de Harm est resté ouvert. Tous entendent donc son nom qu'il révèle enfin, BAUER.
Les forces de l'ordre entreprennent immédiatement des recherches d'identification; Mac s'écarte pour appeler le Pentagone, le service des identifications militaires. Harm promet son soutien et le soutien de l'armée si BAUER se rend mais ce dernier refuse, au nom d'un secret.
Le téléphone portable de Harm sonne: c'est Mac qui lui transmet les informations obtenues du Pentagone.
Le mendiant est Paul BAUWER, Premier Maître des troupes d'élite de la marine, ayant déserté il y a neuf ans au cours d'une évaluation psychiatrique consécutive à une agression survenue dans un parc contre un homme qu'il soupçonnait de suivre sa femme. Il a été porté disparu au Vietnam pendant quatre ans avant d'être finalement retrouvé dans un camp de prisonniers. Pour Mac, il convient que ses deux amis sortent au plus vite, ils sont aux mains d'un homme extrêmement dangereux, une véritable machine à tuer devenue très instable.
Harm fait sortir Bud mais reste. Il continue de parler avec BAUWER, de tenter de l'amener à se rendre mais ce dernier ne cède pas. Il se dirige lentement mais sûrement vers la fenêtre d'où il sait qu'il sera abattu par les tireurs. Harm le suit mais trop tard, les policiers ont fait feu et atteint le vieil homme: l'assaut est donné.
Ils trouvent Harm assis au pied de l'autel tenant BAUWER dans ses bras, une main sur la plaie pour stopper l’hémorragie.
15H35 GMT – QG DU JAG
Harm sort d'une audience et croise Bud à qui il demande des nouvelles de son examen puis de l'hôpital. Bud lui apprend que l'opération s'est bien passée mais que BAUWER a été arrêté dès son réveil. Harm veut se rendre à son chevet mais Bud l'en empêche, l'amiral ayant demandé à les voir.
Sur un ton peu amène, l'amiral évoque avec ses trois officiers leur journée de la veille ainsi que les coups de téléphone qu'il a reçus, lui, au cours de la soirée. L'atmosphère se détend quand l'amiral poursuit en précisant qu'il a soutenu son équipe à 95%: il se moque de savoir comment cet homme a pu en arriver là où il en est aujourd'hui mais il ne saurait faire fi de ses vingt années passées au service de la marine et des quatre années de prisonnier de guerre. En mettant leur vie en danger comme ils l'ont fait, Harm, Mac et Bud ont accompli leur devoir mais est-il achevé? Sur le fond de l'affaire, l'amiral, s'entendant confirmer qu'il y a bien eu braquage, accepte que son équipe assure la défense de l'homme. Mac soulève la question de la juridiction civile mais l'objection est balayée par son supérieur qui croit à la compétence de la juridiction militaire du fait de la qualité de l'accusé. Bud, enfin, fait état du caractère un peu dérangé de l'homme: l'amiral sourit en faisant remarquer que c'est aussi le cas de ses avocats!
A l'hôpital, deux policiers en civil interrogent BAUWER encore placé sous assistance respiratoire: ils lui construisent un scénario auquel ils lui demandent d'adhérer purement et simplement. Ils sont interrompus par un infirmier qui introduit un avocat, c'est Harm qui entre et soulève immédiatement la nullité de la mesure d'instruction pratiquée hors de la présence de l'avocat. Les policiers rétorquent qu'ils sont là depuis le réveil de BAUWER et ont pu constater qu'il n'a appelé personne; Harm contourne la difficulté en se déclarant constitué depuis la veille, ce que BAUWER confirme d'un faible hochement de la tête. L'homme est épuisé et ne peut qu'interdire à son défenseur d'entrer en contact avec son ex femme.
14H20 GMT – UNE SEMAINE PLUS TARD – AU TRIBUNAL
C'est finalement une juridiction civile qui est saisie de l'affaire, le ministère public y est représenté par un certain NARDONI. Il plaide le maintien en détention faute de garanties de représentation suffisantes et il n'est pas donné le temps à Harm de plaider la remise en liberté que l'ordonnance de maintien en détention tombe.
De retour au JAG, consternés par cette décision, Mac et Harm réfléchissent ensemble au contenu de l'acte d'accusation à intervenir. Ils redoutent la qualification d'homicide volontaire à laquelle est attachée la peine applicable au meurtre aggravé. Ils tentent de se rassurer en évoquant le fait évident que BAUWER n'a pas participé au cambriolage. Ils peuvent démontrer que l'un des voyous a été retrouvé avec des traces de poudre sur une main ce qui prouve qu'il est l'auteur de l'assassinat de l'épicier. Néanmoins, en faveur de l'homicide volontaire, peut être retenu le fait qu'un des trois hommes a été abattu d'une balle dans le dos et alors qu'il s'enfuyait. Bien qu'ayant encore une arme à la main, l'individu n'était âgé que de 16 ans....
Tout en discutant, Harm visionnait la cassette de la caméra de vidéo-surveillance. Il s'interrompt soudain dans sa réflexion pour partager une interrogation avec Mac: ensemble, ils identifient une casquette de base-ball mise à l'envers. En rapprochant cette découverte des photos des lieux des crimes, ils parviennent à la conclusion qu'il y a avait un témoin du déroulement des faits.
15H05 GMT – COUR SUPÉRIEURE DU DISTRICT DE COLUMBIA
Harm et Mac sont dans le bureau d'un NARDONI extrêmement ironique et suffisant. Il commence par se demander pourquoi la marine s'intéresse à un SDF coupable d'homicide et porte ensuite le débat sur le terrain des honoraires. Il veut conclure en se gaussant de ce à quoi conduit la maxime « Toujours fidèle » mais Mac lui fait alors remarquer que cette devise est celle des marin's et non des commandos auxquels appartenait le premier maître BAUWER.
Sur cet indice quant au grade de l'accusé, NARDONI ne se retient pas d'avoir le dernier mot en faisant remarquer combien il est surprenant de voir comment un meurtre peut, en une semaine, propulser un vagabond en haut de l'échelle sociale.
Harm et Mac interrogent ensuite NARDONI sur l'évolution de l'enquête: ils cherchent à savoir si l'accusation a remarqué le témoin qui semble être présent sur les lieux et si des investigations complémentaires ont été menées. NARDONI n'a rien remarqué sur la cassette vidéo et n'a donc procédé à aucune recherche en ce sens. Il conclut l'entretien en proposant de retenir la qualification d'homicide involontaire, soit quinze à vingt ans de réclusion.
Mac et Harm savent qu'ils doivent, seuls, rechercher ce témoin: ce ne peut être un complice des trois victimes sinon BAUWER n'aurait pas manqué de l'abattre aussi; lui seul sait certainement qui il est mais il reste muet.
17H57 GMT – PRISON DU DISTRICT DE COLUMBIA
BAUWER est assis dos au mur, au sol d'une cellule individuelle, en tenue pénitentiaire. Harm entre, les deux hommes se regardent, BAUWER baisse les yeux.
Harm ne le brusque pas, il s'assoit tranquillement sur le lit et aborde la discussion en terme militaire: il veut parler du témoin. BAUWER persiste dans sa dénégation mais Harm maintient qu'il n'abandonnera pas. Comparant son état à celui d'un vieux chien malade, le prisonnier se pense devenu inutile et prend Harm à témoin de ce qu'il ne peut plus servir que comme mercenaire.
Il énumère ses compétences: il sait tuer un homme à mains nues de dix-huit façons différentes, est capable de monter et démonter quarante-trois fusils d’assaut, peut sauter d'un hélicoptère filant à trente nœuds et nager toute une nuit dans un océan glacé pour regagner un sous-marin, mais que peut-on faire d'un tel savoir ?
Harm le quitte sur cette interrogation.
16H50 GMT – QG DU JAG
Mac arrive dans le bureau de Harm et lui apprend que l'inculpation retenue est celle d'homicide involontaire. Harm le sait déjà et a entamé des recherches livresques pour se familiariser avec la juridiction civile. Il regrette ouvertement les avantages de la justice militaire et Mac envisage de gagner du temps en soulevant une question préjudicielle relative au droit de l'armée d'entamer des poursuites pour désertion. Harm éclate de rire : une condamnation à dix ou vingt ans pour ce fait serait, certes, du temps gagné!
Mac remet à Harm les états de service de BAUWER obtenus du Pentagone; Ils sont interrompus par Bud qui n'a toujours aucune piste pour retrouver le témoin. Harm le prive de jeu vidéo tant qu'il n'a pas abouti.
Bud sort et il peut revenir sur les décorations reçues par BAUWER, elles sont nombreuses et glorieuses mais toutes obtenues pour des opérations secrètes: Harm conclut à regret qu'insister sur ce point risquerait d'avantage d'inquiéter un jury civil que de l'impressionner favorablement.
14HGMT – COUR SUPÉRIEURE DU DISTRICT DE COLUMBIA
BAUWER arrive au dépôt entravé, en tenue pénitentiaire mais les cheveux coupés et la barbe rasée. Un paquet l'y attend, déposé par son avocat, un petit mot dessus:« j'espère ne pas m'être trompé dans les décorations ». Les larmes aux yeux, le prisonnier découvre un uniforme de premier maître de commando bardé de barrettes.
A l'audience, le premier témoin appelé est le Docteur HURTAN, expert psychiatre spécialisé dans les comportements violents et le contrôle des impulsions. Elle a eu un entretien avec l'accusé et l'occasion de consulter ses antécédents. Elle conclut à un trouble antisocial de la personnalité qui se traduit, notamment, par une grande difficulté à maîtriser sa colère ou son agressivité, des réactions disproportionnées, une absence de remord et une attitude de justification comportementale.
Sur une question de NARDONI, elle confirme que l'accusé fait encore la distinction entre le bien et le mal mais qu'il est incapable de contenir sa fureur. Quand NARDONI évoque le danger d'un tel état sur un homme entraîner à tuer, l'expert ne peut qu' acquiescer.
NARDONI démontre alors l'extrême dangerosité de BAUWER qui a conscience de mal faire mais qui est incapable de se contrôler quand il tire sur un jeune, de dos, en train de s'enfuir.
Harm objecte. NARDONI est interrompu dans sa reformulation par le bippeur de Harm: c'est Bud qui l'informe qu'il a du nouveau.
Harm doit quitter la salle d'audience alors que l'expert commence à évoquer une agression commise par l'accusé, dans un parc, sur un homme qu'il soupçonnait de suivre sa femme. Le médecin doute de la véracité du mobile de cette agression mais ajoute qu'elle est sure que l'accusé y croit comme à une vérité révélée.
Mac procède au contre-interrogatoire et contre attaque précisément sur ce fait figurant au casier judiciaire de BAUWER: elle verse aux débats deux rapports de police et deux ordonnances de deux tribunaux différents faisant état de mesures d'éloignement prises contre la victime, un certain Ron DAMSEY, à la requête de deux femmes qui se sentaient traquées. Ces deux femmes n'étaient pourtant pas sujettes à des troubles antisociaux de la personnalité. Ajoutée à cela la remarque pertinente que le médecin n'a jamais constaté elle-même la moindre marque de colère ou d'agressivité de la part du patient achève de fragiliser son témoignage.
Harm est revenu au bureau du JAG où il retrouve Bud, en salle informatique, avec un technicien. Les deux hommes ont réussi, en utilisant un reflet agrandi et inversé, à lire l'inscription figurant sur la casquette du témoin: il s'agit d'un établissement scolaire situé à six pâtés de maison du lieu des crimes. Harm est tellement content qu'il dit à Bud qu'il l'embrasserait s'il était une fille; Bud décline mais sollicite l'autorisation de recommencer à jouer aux jeux vidéo!
Harm informe ensuite BAUWER de cette avancée; ce dernier nie toujours mais Harm est convaincu qu'il ment: il y avait bien quelqu'un d'autre dans l'épicerie au moment des faits. Avec son entraînement, BAUWER n'a pas pu ne pas le remarquer. En tout état de cause, pour la défense, ce n'est plus qu'une question de temps: l'établissement scolaire a été localisé, il sera simple de retrouver l'enfant.
Sur cette remarque, BAUWER se jette sur Harm, d'un coup de genou il lui fait fléchir les siens, le plaque contre la grille et s'apprête à l'étrangler: dans un murmure, il avoue à l'oreille de son avocat que l'enfant est son fils.
Il a déjà relâché Harm quand les gardes font irruption pour le secourir: d'une voix très naturelle et convaincante, Harm leur explique qu'il ne s'est rien passé et que son client ne faisait que lui montrer comment des choses s'étaient passées.
Les deux hommes parlent ensuite de l'enfant: en aucun cas BAUWER ne veut qu'il sache qu'il est son père; il a quitté sa famille alors que le petit n'avait que deux ans, sa femme est remariée avec un homme bien et il ne veut pas troubler cette quiétude familiale, il préfère qu'ils continuent à le croire mort. Il avait pris l'habitude de mendier à cet endroit, simplement pour voir son fils et l'admirer.
Harm comprend alors immédiatement la portée du dernier crime imputé à BAUWER; il n'a pas tué par réflexe ou pour venger l'assassinat de l'épicier: le fuyard se dirigeait vers son fils et c'est son fils que BAUWER a sauvé de la mort si l'individu l'avait vu. BAUWER ne veut pas entendre parler de faire témoigner son fils sauf si celui-ci continue à ignorer tout de son identité.
Dans la salle des délibérés de la Cour, Harm et Mac évoquent devant la Présidente et NARDONI l'existence de ce témoin si particulier: si les membres du jury avaient su qu'en tuant les agresseurs de l'épicier, BAUWER protégeait en fait son fils, jamais ils ne l'auraient inculpé d'homicide involontaire. Harm sollicite donc le prononcé d'un non lieu.
NARDONI objecte d'une part qu'aucune preuve n'est encore rapportée de la présence de l'enfant, d'autre part que la filiation entre ce témoin et l'accusé n'est pas davantage établie. La présidente lui donne raison.
Harm invoque l'intérêt de l'enfant à continuer à ignorer que ce SDF qu'il voyait si souvent est son père biologique. NARDONI se retranche derrière son droit au contre-interrogatoire et estime que ce n'est pas son problème si l'accusé a honte de lui-même. Mac renchérit sur l'intérêt de l'enfant et le risque de troubles qu'il pourrait développer à la suite d'une révélation de sa filiation dans des conditions si dramatiques. NARDONI a le dernier mot quand il évoque les doutes qui subsistent quant à savoir ce que sait exactement le petit: peut-être sait-il que cet homme est son père et, dans un tel cas, la crédibilité de son témoignage pourrait être sérieusement compromise.
Harm tente alors une ultime proposition: que le jury soit mis au courant de ce lien de sang qui sera établi, mais hors la présence du témoin et ce sera à NARDONI, lors de son contre-interrogatoire, de demander à l'enfant s'il connaît l'accusé. La Présidente acquiesce et impose fermement à NARDONI de ne rien révéler à l'enfant s'il ignore que BAUWER est son père. NARDONI est furieux d'entendre ainsi restreindre son droit de parole, Harm et Mac sont ravis de la tournure que prend le procès.
13H55 GMT – DISTRICT DE COLUMBIA
BAUWER, anxieux, arpente la cellule du dépôt. Harm arrive et le rassure sur l'état de son fils. Il a vu sa femme également et apprend à BAUWER qu'elle voudra lui parler quand tout sera fini: il s'étonne de tant de compréhension. Dans la salle d'audience, elle lance à son mari un regard empli de compassion. Quand Marty BAUWER est appelé à la barre, elle ne le laisse pas partir sans lui avoir prodigué d'ultimes conseils de politesse et de respect. C'est un regard plein de tendresse que jette BAUWER, lui, sur son fils qui prête serment.
Harm commence gentiment l'interrogatoire. Il demande à Marty de confirmer qu'il était bien entré dans l'épicerie ce jour là : l'enfant acquiesce et explique qu'il était venu jouer au jeu vidéo. Il n'a pas remarqué l'entrée des trois individus et n'a pris conscience qui se passait quelque chose de grave que lorsqu'il a entendu les deux premiers coups de feu. C'est alors qu'il s'est retourné pour voir l'homme – l'accusé mais en plus sale et avec une barbe – se battre avec les trois hommes. Il confirme ensuite que le troisième homme s'est dirigé vers lui et que c'est à ce moment que BAUWER l'a tué. Harm insiste sur ce dernier point mais l'enfant n'en démord pas: l'homme venait vers lui, sur lui et il l'avait vu.
Avant le contre-interrogatoire, l'accusé jette un regard à sa femme, elle a l'air soulagée.
NARDONI demande à l'enfant s'il connaît l'accusé et Marty lui répond oui, de vue, en précisant qu'il ne lui a jamais parlé. Il engage ensuite le débat sur la réaction de l'enfant après que BAUWER a tué le troisième homme : Marty a pris la fuite et l'avocat lui demande s'il avait peur, peur que l'accusé ne le tue à son tour. L'enfant est bien obligé d'avouer qu'il ne sait pas.
Harm objecte sur le fondement du harcèlement et est retenu.
Sur sa chaise, BAUWER commence à trembler.
NARDONI poursuit et demande à l'enfant s'il a parlé à sa mère de ce qu'il a vu dans l'épicerie ce jour là. Il confesse que non et explique qu'il ne pouvait pas parce qu'il n'a pas le droit de s'y arrêter et doit rentrer directement à la maison en sortant du collège. NARDONI lui demande de dire comment il a justifié son retard et, lorsque l'enfant a avoué avoir menti sur la cause, NARDONI le prend à partie et lui demande comment on peut aujourd'hui le croire s'il ment habituellement.
Harm objecte mais trop tard.
C'en est beaucoup trop pour BAUWER qui se jette sur NARDONI et le prend à la gorge. Harm essaie en vain de le raisonner, ainsi qu'un garde et ce n'est qu'à la voix suppliante de son épouse qui l'appelle par son seul prénom que BAUWER finit par céder.
Sous la menace de l'arme du garde, il est contraint de se coucher à terre, les mains dans le dos. Ce faisant, le dernier regard qu'il croise est celui de son fils.
Harm lui rend ensuite visite au parloir de la prison : BAUWER ne veut plus revoir son fils à la barre, il veut en finir au plus vite et refuse la proposition de Harm de soulever un vice de procédure pour faire annuler la déposition de Marty recueillie par NARDONI.
La plaidoirie de Harm s'articule selon un plan conçu en deux parties : dans un premier temps, il place les jurés face à la réalité de la condition de parent. La protection de son enfant est « le plus primaire des instincts de l'homme,un impératif biologique ».Il n'est pas besoin d'être un soldat d'élite de la marine pour agir sous cette impulsion. BAUWER ne connaissait pas son fils mais il avait à cœur de le regarder vivre, il avait un besoin vital de le voir chaque jour pour s'assurer de son bien être.
Quand il a vu la vie de son enfant menacée, il a cédé à cette impulsion de protection qui est commune à tous les parents de la terre et c'est cette même impulsion qui l'a poussé à s'attaquer à l'avocat de l'accusation quand ce dernier a traité son fils de menteur. Harm concède que cette dernière réaction était sans doute disproportionnée mais tout comme est certain le besoin d'aide que rencontre cet ancien militaire.
Cette transition permet d'aborder la seconde partie de l'argumentaire au cours duquel l'avocat invoque la responsabilité de la société qui ne sait pas traiter convenablement les combattants qu'elle a fabriqués. Le premier maître BAUWER a protégé son fils tout comme, d'une façon qui restera longtemps secrète, il a protégé la population de son pays au cours de sa brillante carrière. Pour conclure, Harm n'hésite pas à le qualifier d'Ange Gardien.
Bud arrive au moment du prononcé du verdict. Il court dans les couloirs, bouscule les personnes qui n'ont pu entrer dans la salle d'audience et renverse même les dossiers dans les bras d'un greffier. Il ne peut lui-même rejoindre ses confrères mais assiste au verdict depuis le hublot de la porte : quand il voit Harm lever un poing de la victoire, il sait que l'acquittement a été prononcé.
BAUWER, Harm et Mac quittent le tribunal en parlant de la procédure pour désertion : Harm est certain de pouvoir obtenir un simple retour à la vie civile si son client accepte de suivre une thérapie ; Mac ajoute qu'alors la pension de vétéran serait intégralement versée.
Sur le perron, Harm remet à BAUWER la carte de visite d'un de ses amis, directeur d'une école de parachutisme, qui a toujours besoin de professionnels pour encadrer ses élèves ; l'école présente l'énorme avantage, en plus, d'être située près de WASHINGTON.
Au bas des marches, un jeune garçon arrive en vélo, de nouveau coiffé d'une casquette rouge portée à l'envers. Il aborde le vieil homme pour lui présenter des excuses de s'être enfui et de lui avoir ainsi causé tant d'ennuis, il ne voudrait pas qu'il le prenne pour un lâche. BAUWER lui pardonne car « tout le monde a le droit d'avoir peur un jour ». Puis il félicite l'enfant pour la beauté et la qualité de son vélo. Marty est fier et explique que c'est son père – son beau-père ! se reprend-t-il – qui lui a offert. Il enchaîne en parlant de son père qu'il reverra un jour, quand il sera prêt. Sur une question, Marty affirme que cela lui ferait très plaisir.