Article de "Spirit", datant de Avril-Mai 2003 . Téléscope .
. Plongée dans l'univers des séries . Que celui ou celle qui n'a jamais regardé aucun épisodes d'aucune série jette la première pierre ! Pas d'Intifada à l'horizon ? Pas étonnant vu le nombre de séries dont on se délecte chaque semaine. Même si les rediffusions se suivent et se ressemblent, les Stargate SG, JAG, X-Files, Caméléon, Buffy, Alias, et autres joyaux télévisuels viennent régulièrement miroiter dans nos crétines rétines ! Soyons honnêtes, nous sommes tous scotchés devant notre petit écran ! D'où la question fatale qui traverse nos esprits malades : Pourquoi sommes nous tous devenus des accros de séries ? Pourquoi restons nous planté là au lieu d'aller couper du bois ou de réviser notre collection de blagues carambar, histoire de se ridiculiser devant les copains ? Hein, pourquoi tant de dépendance ? Tout simplement parce que la recette est bonne !
Et là vous vous dites : ils sont définitivement déglingos ou quoi chez Spirit ? La recette, mais quelle recette ? Nous pourrions nous en tenir à cette démonstration simpliste, en attendant vos milliers de courriers de révoltes et de protestations. Mais dans notre bonté légendaire, et sans doute pour nous éviter de voir notre égo démesuré sali par vos missives nucléaires, nous daignons approfondir avec vous notre analyse cathodique. Pour faire une bonne série, il y a un certain nombre d'éléments dont on ne peut se passer Rien de bon sans Apollon ! Premier accessoire indispensable, le beau gosse. De préférence sans peur et sans reproche et avec s'il vous plait, un prénom et un job sexy. On évitera si possible les classiques Marcel le jardinier ou Robert le facteur que l'on réserve aux fantasmes des ménagères de plus de 50 ans.
Pour n'en citer que quelques uns : Harmon Rabb, Jack O'Neill, Jarod, Fox Mulder, Angel sont les dignes représentants du héros emblématique. Des apollons aux talents majestueux, tous pilotes de chasse, agents spéciaux ou sauveurs de l'humanité; en résumé, des virtuoses.
Mais pour que le tableau soit parfait, il faut à notre héros une blessure secrète, de préférence bien tragique : la soeur de Fox enlevée par les extraterrestres, le fils de Jack qui se tue avec l'arme de son père ou encore l'ex de Harm assassinée (et qui comme par hasard ressemble comme deux gouttes d'eau à sa nouvelle collaboratrice !).
A partir de là, deux options sont possibles : soit on annonce la couleur dès le début, soit on utilise cette histoire comme fil conducteur d'une saison, voir même de toute la série : 9 années que Mulder chercher sa Samantha ...
Une femme de caractère Deuxième ingrédient de cette fabuleuse recette : l'héroïne. Impossible de se contenter d'une jolie jeune femme ! Il nous faut un physique hors du commun, associé si possible à une volonté et un courrage exemplaires; de quoi nourrir quelques complexes certainement !
Plusieurs versions de la super nana cohabitent : modèle GI Jane comme Mlle Parker et Sarah Mackenzie ou modèle scientifique géniale dans la lignée des Dana Scully et autres Samantha Carter.
Pour éviter tout excès, ces dames ne sont pas non plus faites de marbre ! Elles dissimulent toutes leurs petites faiblesses qui, elles aussi, serviront aux scénaristes pour relancer l'intrigue ! Ca va du penchant pour le bourbon de Mac au complexe d'Oedipe non résolus de Mlle Parker, en passant par les scrupules et les doutes de Scully.
Et puisque rien n'est jamais simple dans les séries télé, il existe forcément entre le héros et l'héroïne que tout oppose, un amour illusoire et impossible, mais que tout le monde attend. Même les gamins de maternelles semblent plus dégourdis que nos tourteraux transis ! A croire parfois que les scénaristes les ont amputés de leur lucidité quant aux sentiments amoureux. Avouez que ça la fout mal; un super héros, incapable d'avouer sa flamme. De quoi casser un mythe.
Les caprices de l'amour Tout ceci serait forcément incomplet sans le troisième élément : l'empêcheur de tourner en rond : le fiancé de l'héroïne (ou la fiancée du héros, ça marche dans les deux sens et c'est même encore plus drôle quand on a les deux !).
Espèces à part dans l'univers des séries, en voilà quelques uns dont on aimerait bien tordre le cou, même s'ils forment souvent le piment de la sauce !
Petit panel non exhaustif de ces amoureux de l'ombre : les innombrables petits copains interstellaires de Samantha Carter, Diana Follew pour Fox Mulder et la palme revenant à Renée Peterson et Mic Brumby de JAG !
Une règle d'or à respecter dans ce cas et sur laquelle tous les scénaristes semblent s'accorder : le petit ami (ou la petite amie) en question doit être en tous points l'opposé de son rival (ou de sa rivale). Ca marche à tous les coups, succès garanti !
Prenons par exemple Sarah Mackenzie et Renée Peterson (JAG) : la blonde et la brune, la journaliste gentillette mais un peu nunuche face à la version féminine du "Devil Dog Marine" ... Bonjour le contraste ! Pour le reste, nous vous laissons apprécier les divergeances entre Harm et Mic Brumby, Mlle Parker et Zoé, Dana Scully et Diana Follew.
Et même si nos deux héros arrivent à se sortir de leur relations respectives, tout n'est pas encore gagné ! Les quiproquos et les non-dits s'enchaînent et leurs aventures, toujours plus rocambolesques, ne leur laissent pour ainsi dire aucune chance.
Heureusement, ils peuvent toujours compter sur les deux pierres angulaires de toute série qui se respecte : le patriarche qui distribue généreusement ses conseils à qui veut les entendre et le comique de service. AJ Chegwidden, le Général Hammond, Sydney ou encore Bud, Broots, les Lone Gun Men et Daniel Jackson ne sont que des exemples parmi beaucoup d'autres.
Conclusion ? Les scénaristes se moqueraient-ils de nous en nous reservant toujours la même histoire avec des personnages différents ? Peut être, mais pourquoi faire la fine bouche ? Pourquoi chercher à connaître la recette alors que ce qu'on aime par dessus tout, c'est s'empiffrer d'épisodes plus ennivrants les uns que les autres ?! Est-ce que vous essayez, vous, de découvrir la recette de la Danette ? A priori non, et pourtant, vous ne pouvez vous en passer ! C'est sans doutes pareil pour les séries; on adore ça et en plus on l'assume !
